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jeudi 22 novembre 2012

Kitoute Joannette






Natif de Valleyfield, Rosario Joannette a dès un jeune âge été surnommé "Kitoute" parce qu’il prononçait mal le nom d’une voisine (Cathou). Le surnom a collé à un point tel qu’il endossait ses chèques à ce nom.

Jeune, il défiait les équipes de plus vieux en leur soutirant la rondelle et en les défiant de la reprendre. Avec le temps, ce maniement spectaculaire devint sa marque de commerce, en plus de son tempérament joyeux et de son esprit espiègle.

Il continua de jouer dans sa région, mais ce n’est pourtant qu’en 1939, à l’âge de 23 ans que l’équipe de la Ligue Provinciale locale, les Braves, lui fit signe. C’est Aurèle Joliat, nouvellement retraité des Canadiens et récemment nommé entraîneur, qui le recruta. Il lui donna alors le numéro 7, parce qu’il lui rappelait son regretté coéquipier, Howie Morenz. L’expérience de Joliat à Valleyfield fut toutefois de courte durée, puisqu’il quitta son poste juste avant les fêtes.



Joannette mit alors son talent offensif en valeur. En 1944-45, la même année où Maurice Richard marqua cinquante buts dans la LNH, Kitoute montra une fiche de 45-56-101 en seulement 39 matchs. Cette même année, les Canadiens finirent par le remarquer et malgré son âge "avancé" (29 ans), ils lui offrirent un essai de deux matchs.  Il y récolta une passe.  L’essai fut concluant et le grand club lui fit une offre. Les Red Wings furent aussi convaincus et lui en firent une également.  Pourtant, il les refusa toutes les deux.  Au fil des années, il reçut aussi plusieurs offres de clubs de la Ligue Américaine, qu’il déclina tout autant.  Il faut dire qu’il était bien traité dans son patelin.  Les salaires versés à certains joueurs de la Ligue Senior (à laquelle accédèrent les Braves en 1945-46) étaient très intéressants et dépassaient même ceux que versait la Ligue Nationale.  Kitoute faisait partie du lot des privilégiés.  Dans une ligue où certains adversaires se trouvaient dans de plus gros marchés comme Montréal, Québec et Ottawa, Joannette était une attraction majeure pour Valleyfield et était très précieux pour l’équipe.  De plus, Kitoute ne parlait pas anglais.


Kitoute Joannette à gauche et Doug Harvey à droite

En 1947-48, Toe Blake vit sa carrière de joueur interrompue par une fracture à la cheville.  L’année suivante, il fut nommé instructeur des Bisons de Buffalo, la filiale de la Ligue Américaine des Canadiens.  L’expérience tourna toutefois au vinaigre suite à l’ingérence du directeur-gérant et Blake claqua la porte. C’est dans ce contexte qu’il se retrouva à la tête de Joannette et de ses coéquipiers des Braves en 1949-50.

Dès l’année suivante, les Braves se retrouvèrent en finale de la Ligue contre les As de Québec.  Malgré leur statut de favoris, ils tiraient de l’arrière 3-1 dans le neuvième et ultime match de la série avec 2 minutes 28 à faire.  Plusieurs spectateurs quittèrent, mais ratèrent ainsi les deux buts que marqua Joannette en l’espace de 31 secondes.  Les Braves l’emportèrent finalement en prolongation et remportèrent le Trophée O’Connell. Ceci leur permit d’accéder à la finale de l’est, où ils affrontèrent les Millionnaires de Sydney.  Pour répondre à la demande, les matchs eurent lieu au Forum de Montréal plutôt qu’à Valleyfield.  Les Braves remportèrent la série, ce qui les conduisit en grande finale canadienne contre le St.Michael’s de Toronto.  C’est finalement au Gardens de Toronto que les Braves mirent la main sur le championnat canadien et la Coupe Alexander.  La parade qui suivit rassembla 10 000 personnes dans les rues de Valleyfield.



Les années suivantes furent un peu plus difficiles pour les Braves.  Blake quitta en 1954 et le club fut vendu en 1955 et devint les Lions de Trois-Rivières.  Joannette, maintenant âgé de 39 ans, après avoir passé seize saisons à Valleyfield, suivit, mais n’y resta qu’une partie de la saison.  Il passa ensuite les deux saisons suivantes du côté ontarien, à Cornwall, avant de conclure sa carrière de hockeyeur.

Il y eut plus tard, à partir des années 1990, une campagne mise sur pied dans la communauté pour nommer l’aréna Salaberry, où jouèrent les Braves, en l’honneur de Joannette.  Une fondation fut également mise en place.  Toutefois, malgré plusieurs efforts et plusieurs appuis, la chose ne s’est jamais faite.  En fait, c’est plutôt le terrain de baseball, où s’est également illustré Joannette pendant de nombreuses années, et où il a eu pendant un moment Doug Harvey comme coéquipier, qui porte maintenant son nom.

Rosario "Kitoute" Joannette est décédé en 1998, à l’âge de 82 ans.



Sources :Legault, Gaston, Il était une fois… les Braves, 1936-1955, 2007,

Legault, Gaston, Kitoute Joannette, Une légende au temple de l’oubli, 2007.(Monsieur Legault faisait également partie de ceux qui ont milité activement pour renommer l’aréna en honneur de Kitoute Joannette.)

"Les amis de Kitoute oublient l’aréna Salaberry mais nourrissent d’autres projets" de Éric Tremblay, 27 octobre 2007, Le Soleil de Salaberry-de-Valleyfield (hebdosregionaux.ca),

"Le stade Rosario Kitoute Joannette est né" par Daniel Grenier, 24 septembre 2008, Journal Saint-François (hebdosregionaux.ca).

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