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samedi 19 avril 2014

Fabrique-t-on encore des héros?









(Conan, mon héros...)


La semaine dernière, j'ai été invité à participer à une conférence/discussion sous le thème Sport Et Société au cégep de Lanaudière en compagnie d'Olivier Niquet, célébrissime Sportnographeur, au Cégep de l'Assomption... Pour s'y faire, j'ai conçu une présentation parlant d'une de mes théories préférées, celle du mythe chez Roland Barthes, théorie où la fameuse équation "signifiant/signifié=signe" de la sémiologie "saussurienne" est doublé, ce qui veut dire en quelque sorte que ce qui est perçu et interprété comme un mythe est une construction qui fait abstraction d'éléments qui constituent ce qui est la réalité... Donc, j'ai expliqué un peu cette théorie en donnant quelques exemples comme celui de Maurice Richard, des "Original Six", du ti-cul qui joue sur un étang et autres idées reçues entourant le hockey qui aident à non seulement inspirer la société, mais également remplir les poche de ceux qui font de l'argent avec...


Prenons par exemple l'idée du mythe des 6 équipes ORIGINALES. On nous vend souvent l'idée que le hockey de la NHL était plus "pur", meilleur que de nos jours, une sorte d'idée de paradis perdu "originel" à l'époque où il n'y avait que 6 équipes comparé à notre époque de hockey moins bon avec trop d'équipes alors que 1) seulement deux de ces équipes (Toronto et Montréal) sont réellement des équipes originales de la NHL et 2) il y avait bien certainement des mauvaises équipes et des mauvais joueurs lors de cette période qui dura près de 25 ans (1942-1967), les Rangers par exemple n'ont fait les séries éliminatoires qu'à 4 reprises durant cette période... Il y avait donc des Panthers de la Floride et des Islanders de New York dans la période des "Original 6" (pour la raison évoquée plus haut, j'aime mieux dire "classique" que "original"), je vous invite d'ailleurs à lire l'excellent billet de Benoît AKA KeithActon d'août dernier qui parle de ça... Donc c'est des trucs comme ça qui constituaient un peu ma présentation...

(Eille, c'est laid ça...)


Venons en au vif du sujet....

Durant la période de question, un des professeur du Cégep m'a posé une superbe colle : "Peut-on encore créer des mythes?"

L'exemple donné fut celui du but de Sidney Crosby, est-ce que ce fameux but (de la finale des JO de 2010, au cas où vous n'aviez pas fait le lien) peut-il devenir une chose "mythique"...

En fait, je crois que c'est le temps qui nous l'apprendra, mais j'aurais tendance à dire non dans le cas qui nous concerne parce qu'on n'a pas (du moins pas encore) interprété ce geste en le mettant dans un contexte social qui sort du cadre à proprement parler du hockey. Aussi spectaculaire que ce but fut, il n'a jamais été interprété comme une victoire symbolique comme le but de Paul Henderson qui fut interprété presque automatiquement comme une victoire, dans le contexte de la Guerre Froide, sur le communisme du libéralisme occidental, tout comme la victoire américaine de 1980 (surtout dans sa version Disney) fut interprétée de la sorte...


Restera à voir comment dans 20 ans on interprétera ce geste... Je doute par contre que ça sortira du cadre à proprement parler du hockey... Désolé, Sid...

Par contre m'est venu une autre question en me référant à une phrase de Roland Barthes écrite pour un film de l'ONF d'Hubert Aquin (le même Hubert célèbre pour son pavillon et ses superbes romans) nommé le Sport et les Hommes où le grand sémiologue parle de sport dont le hockey en nous énumérant notamment  des bons clichés du genre "le hockey est une victoire des gens des pays du froid sur l'hiver..." Mais une phrase m'a assez marqué dans ce court texte (le texte du film a été publié il y a quelques années aux Presses de l'Université de Montréal) où Barthes nous dit :

"Les grands joueurs sont des héros et non des vedettes..."

D'où une question que je me demande, est-ce que les joueurs de hockey contemporains, les meilleurs, les grands, sont des héros ou des vedettes? J'ai donc posé la question à l'audience suite à cette question en citant cette phrase de Roland Bathes : "Est-ce que PK Subban est un héros ou une vedette?" 

À l'unisson tout le monde a répondu que PK Subban était une vedette et non un héros...


La question mérite donc d'être posée si on veut savoir si on fait encore des mythes, fais-t-on encore des héros?

Allons voir ce que nous dit Wikipédia sur le Héros : 

Un héros (ou, au féminin, une héroïne) est un personnage réel ou fictif de l'Histoire, de la mythologie humaine ou des arts, dont les hauts faits valent qu'on chante son geste. Ces derniers, édulcorés par la légende dorée des hagiographes, sont passés dans la légende populaire.

Selon les cultures, un héros est un demi-dieu, un personnage légendaire, un idéal, un surhomme ou simplement une personne courageuse, faisant preuve d'abnégation.

Le rôle du héros se situe entre l'aspiration métaphysique, presque religieuse, de dépasser la condition humaine, notamment d'un point de vue physique et entre l'aspiration plus réaliste d'œuvrer pour le bien de la communauté, d'un point de vue moral. Un troisième rôle, peut être aussi celui de propagande pour une idéologie politique ou religieuse.

Par extension, le terme "héros" désigne le personnage principal d'une œuvre de fiction, quelles que soient les qualités dont il fait preuve. Si sa conduite ne correspond pas à un idéal (par exemple, s'il est lâche ou cupide), ce héros peut être qualifié d'antihéros.


On peut ainsi reposer la question, après avoir lu cette définition : Est-ce que les joueurs de hockey contemporains, même Sidney Crosby ou Jonathan Toews, sont des héros?

Je vous pose la question...

Je reviendrai sur vos réponses...

6 commentaires:

Toto le héros a dit…

Est-ce que Crosby ou Toews sont des héros?

Non, non et non. Un héros est ou bien mort ou bien éternel ou les deux à la fois dans le cas de Jésus.

Fabrique-t-on encore des héros?

Oui, bien entendu. Mais on a pas le droit de les tuer, alors on attend qu'ils meurent. Exemple: Steve Jobs.

Les héros sont un moteur économique et nous en fabriquerons toujours.

keithacton a dit…

N'y a-t-il pas une certaine notion de sacrifice chez un héros? Difficile de parler de sacrifice quand on fait un salaire faramineux.

On ne risque pas de revoir un joueur connaître un match du tonnerre la même journée qu'il a déménagé au deuxième étage comme Maurice Richard...

Sébastian Hell a dit…

Crosby? Non, absolument pas. Pour ''the best player of his generation'', un seul Hart et 0 Conn Smythe c'est une énorme déception.

Toews? On s'en rapproche. Coupe la même année que l'Or Olympique, MVP des Jeux et Conn Smythe, 2 Coupes et 2 Or à date, un leader-né.

Je rejoins par contre un peu keithacton qui parle de la notion de sacrifice versus salaire... et j'avancerai un nom: Halak.

4 ans après son fait d'armes, les pro-Price se rabattent toujours sur le ''ouais, pis, Halak est pas mieux'' quand on critique leur chouchou, même quand on n'a pas abordé le 41, lui qui a soulevé une ville à lui seul (ok, avec l'aide de Cammalleri). Et il l'a fait en se faisant chier dessus et tasser fois après fois, de la Coupe Calder à quand il a remplacé adéquatement Huet. En fait, il a bien fait les 4 années où on a fait appel à lui, et chaque coach s'en est remis à lui quand e Sauveur a flanché (Carbo a d'ailleurs perdu sa job après une victoire à Dallas quand il était clair qu'il favorisait le 41), et Jacques Martin l'a ridé jusqu'en finale de conférence l'année du Centennaire qui était supposée servir de coming-out à Price (Match Des Étoiles avec Komisarek en prime).

Et le mythe Halak demeure même aujourd'hui, malgré les maintes tentatives de l'Organisation et de son port-voix (RDS) de mettre les succès du club sur le système de Martin qui n'a jamais marché aussi bien par la suite sans sa vedette.

Joss Lelibre a dit…

Non, des vedettes. Le monde est complètement désenchanté aujourd'hui. Alors on ne crée plus d’héro.

Jocelyn T. a dit…

Non pas des héros, ils sont des vedettes certes, mais le contexte est bien différent....flambée des salaires, divulgation des contrats,
le côté business, l'association des joueurs......Essayez simplement de se remettre dans le contexte et d'imaginer que Maurice Richard vient d'être échanger aux Maple leafs!!!!

Toto le héros a dit…

Maudit que vous êtes impatients. Attendez qu'ils meurent. Quand ils sont vivants, ce sont des vedettes et c'est seulement une fois morts qu'ils peuvent possiblement devenir des héros et le salaire n'a rien à voir là-dedans. C'est ce qu'ils apportent à la fierté collective qui compte.

Les proprios de iPhone, iPad et autre iMachins sont convaincus d'avoir participé à quelque chose de plus grand à l'ombre de leur idole et héros. Ils sont transportés dans une autre dimension qui surpasse leur moi et parce qu'ils oublient leur nombril, Steve Jobs devient un héros. On s'en fout qu'il ait accumulé des milliards de son vivant.

La même chose se passera avec les joueurs de hockey qui le méritent. Quand ils seront morts ou peut-être juste Alzheimer, si les gens se souviennent de leurs exploits, ils ouvriront les portes du temple des héros pour eux. Mais, aujourd'hui, ça n'arrive pas, ils n'ont pas fini leur odyssée terrestre.